
Catégorie :
Auteur :
Résumé :
Le métier de Lumineur est parfois dangereux. Plus que de simples tâches répétitives, il offre de l’émerveillement, et permet à tous les habitants du dôme d’admirer un ciel étoilé de toute beauté.
Cette activité demande de lourdes charges, et le gouvernement veille au grain pour que les Lumineurs accomplissent leur travail dans les délais et dans le respect des règles le plus total.
Pourtant, quelques fuites sont parfois irrémédiables…
Une lueur d’espoir (Partie 4)
**
Il ne l’avait pas encore vu grimper ce matin. Le jeune garçon jeta un coup d’œil à l’insigne que sa mère lui avait épinglé sur sa veste et sourit. La veille, il avait enfin eu le courage d’aborder le faiseur de rêves. Son héros lui permettrait, une fois de plus, d’affronter cette nouvelle journée. Il le regarderait laver le plafond, risquant sa vie pour que tous les habitants puissent s’imaginer un ciel magnifique, qu’ils n’avaient jamais réellement vu pour la plupart, comme lui. Quand il aurait l’âge, il passerait les tests et espérait obtenir un tel poste. Sa mère serait fière de lui et son père, déjà aux cieux, l’attendait de pied ferme pour honorer sa mémoire. À présent, prenant son courage à deux mains, il ne voulait plus se cacher derrière les buissons et comptait accueillir le Lumineur quand ce dernier prendrait son poste.
**
Les secousses se succédaient et j’eus du mal à maintenir un rythme efficace. Déplacer l’échelle avec délicatesse s’avérait de plus en plus difficile et je mettais toutes mes forces en jeu pour éviter que ses rebords ne touchent le dôme. Si cela arrivait et que cela abîmait la surface de verre, je ne donnais pas cher de ma peau. Les gaz toxiques m’atteindraient de plein fouet et je mourrais en quelques secondes, sans pouvoir fermer la brèche ou prévenir la population de la sentence à venir. Je me concentrai au maximum et repris doucement mon nettoyage tout en maintenant l’échelle de manière à ce qu’aucun problème ne se produise.
**
Toujours assis sur le trottoir, il commençait à s’inquiéter. Le Lumineur ne donnait pas signe de vie. Était-il allé sur une autre plateforme que celle sur laquelle il grimpait habituellement ? La cloche allait bientôt sonner et il serait bien obligé d’aller à l’école. Il n’aimait pas aller en cours, et aurait préféré éviter ses camarades qui le torturaient et l’insultaient sans cesse. Il regarda le ciel. Aucun Lumineur dans la zone. Cela n’était pas normal.
**
Le drame arriva sans que je ne puisse rien faire pour y échapper. Alors qu’une violente rafale me poussait contre le dôme, mon échelle grinça violemment et je ne réussis pas à la maintenir verticale. Elle bascula sur le côté et percuta violemment le dôme qui émit un bruit effrayant. Je dus attendre que le vent se calme pour pouvoir me rendre compte des dégâts. Je me maintenais à la seule force de mes bras et priai pour rester en vie. Je ne ressentis aucun manque d’air ou problème physique particulier, alors je supposai que le dôme n’avait rien. J’avais tort. Un petit trou tenait en lieu et place d’une étoile que je venais tout juste de nettoyer. La peur m’envahit. Qu’avais-je fait ?
**
– Bonhomme ?
Un homme habillé d’un costume noir s’approcha de lui et mit un genou à terre pour s’aligner à sa hauteur. L’enfant n’avait jamais vu une personne aussi bien habillée et ouvrit grand les yeux devant la main que lui proposait le gentleman. Il ne sut quoi faire et préféra ne pas bouger.
– Le Lumineur que tu attends ne viendra plus. Il est mort ce matin, juste après avoir commencé son service, je suis désolé. Un fâcheux accident.
Il se releva et l’enfant plissa les yeux, dubitatif. Il aurait vu le Lumineur s’il avait grimpé. Il ne l’avait jamais raté. Il ne comprenait pas et regarda l’homme s’éloigner sans dire un mot.
**
L’air que je respirais et qui s’échappait du trou ne m’avait pas encore tué, je n’en revenais pas. La Terre était-elle enfin redevenue habitable ? Pourrais-je observer le ciel ? Le véritable ciel ? Curieux et excité, je positionnai mon œil face au trou et ce que je vis faillit me faire choir. Le vert s’étendait à perte de vue et le ciel nuageux s’agitait. Du gris, du noir, du blanc, du vert, du bleu… Le paysage fabuleux que j’avais la chance de découvrir était fascinant. Au loin, des points blancs attirèrent mon attention et j’essayai de me concentrer pour identifier leur nature. Mon Dieu ! J’avais toujours cru que nous étions les seuls survivants sur Terre, et je me trompais. Je venais d’apercevoir une multitude de dômes, certainement identiques au nôtre, qui parsemaient l’horizon. Le choc me troubla un instant et je décidai de rapidement colmater le trou, de peur d’avoir des problèmes. À qui pourrais-je bien me confier ?
**
L’enfant se dirigeait vers son école d’un pas nonchalant. Il se répétait en boucle les paroles de l’homme en noir et ne parvenait toujours pas à comprendre ce qui clochait dans cette histoire. D’un coup violent, il arracha l’insigne épinglé et le serra contre son cœur. Ce fut alors qu’il la remarqua. Une phrase avait été gravée au derrière : « Nous ne sommes pas seuls sur Terre ».
Qu’est-ce que cela voulait-il bien dire ?