Un soir d’été, on appela l’inspecteur de police que j’aimais le plus : une femme avait signalé un cadavre sur le parking d’un cabaret.
Lorsque Dany arriva, la nuit était tombée depuis longtemps et une chaude humidité enveloppait les officiers déjà présents. D’après eux, la victime s’appelait Catherine Claudel et était la chanteuse du cabaret.
« Bon, ben, tu vois, ma douce Nathalie, on peut déjà deviner de quoi elle est morte, me murmura Dany lorsqu’il arriva sur les lieux. Blessure par balle ! »
Elle gisait là, sur le goudron du parking, entre une voiture sombre et un réverbère qui inondait son corps de lumière. Elle portait une robe de soirée bleue foncée, agrémentée de paillettes et dont le décolleté et l’étroitesse étaient très suggestifs. Ses cheveux blonds, longs, étaient soigneusement disposés sur son bras plié au-dessus de sa tête et s’étendaient jusqu’à baigner dans la flaque de sang qui s’était échappée de son cœur. Elle avait également les poignets bleus, les joues tuméfiées, surtout la droite, et une arme avait été posée sur la paume de son autre main, à côté de sa cuisse. Vivante, Dany l’aurait peut-être trouvée jolie, avec ses pommettes saillantes et son visage jeune mais le spectacle qu’elle offrait aujourd’hui le révulsait.
En soupirant, il passa la main dans ses cheveux blonds puis, les sourcils froncés, il marmonna :
« Les marques bleues de ses poignets et de ses joues montrent qu’elle s’est débattue. En plus, elle a été frappée par un gaucher… Quelqu’un était donc avec elle. Et toi, Nat, t’en pense quoi, dis-moi ? »
Dany savait très bien que je ne pouvais plus lui répondre. Mais il continuait quand même à m’adresser ses pensées. Il me parlait, les lèvres dirigées vers le sol, honteux de s’attirer, parfois, le regard étonné des gens à côté de lui.
Il aurait voulu conclure autre chose mais, pour lui, c’était un meurtre. Il demanda au médecin légiste qui était également sur place de lui remettre son rapport le plus vite possible.
Pendant ce temps-là, tapis dans l’ombre du cabaret, un homme en noir, à peine visible, même pour moi qui bénéficie d’une excellente vue, observait la scène.
« Les indices sont minces », murmura Dany.
Il décida d’interroger les employés du cabaret, les collègues et le patron de Catherine. Il entra dans l’établissement et rencontra une jeune femme vêtue d’une courte robe mauve et d’un tablier blanc. Dany la trouva très jolie malgré des cheveux longs et bruns désordonnés libres sur le dos. Après quelques minutes de discussion, il apprit qu’elle était l’une des serveuses et qu’elle avait été occupée toute la soirée à servir derrière le bar. Elle semblait vraiment triste et choquée.
« Je croisais souvent Cathy dans le couloir des loges. Il m’arrivait de lui porter un verre et, parfois, nous parlions, expliqua-t-elle. Si vous l’aviez entendue… Elle chantait comme personne. C’était la meilleure.
-Lui connaissiez-vous des rivales, d’autres chanteuses qui auraient voulu chanter ici, par exemple ?
-Euh… elle a été nommée à la place de Fiona Leclerc. C’était une autre chanteuse qui a auditionné la même après-midi que Cathy, répondit la jeune femme sans conviction. Mais je pense que c’est la seule fois qu’elles se sont vues. Sinon, je ne vois pas. Evidemment, je ne suis pas au courant de tout, ici.