Catégorie : Littérature sentimentale
Auteur : Chiaramarino
Résumé : Un plan drague d’un bel Italien, qui tourne mal…
La surprise du Rital
A Shaloma
Le garçon était pourtant irrésistible, avec son petit accent italien. D’habitude, il faisait chavirer les cœurs. Aussi était-il surpris de rencontrer une résistance. Et, à vrai dire, cela l’excitait. Il se gratta la tête, regarda celle qu’il aimait.
– Alors c’est non ? Pourtant, tu es célibataire…
– Il est hors de question que j’accepte les avances d’un Méridional !
– Euh, excuse-moi, mais ici, vous êtes entourés de Méridionaux…
– Non !
Giacomo était vraiment étonné. Elise ne s’attendait quand même pas, à Antibes, à rencontrer des hommes du nord ! Mais il eut alors une idée.
– Alors restons-en là pour aujourd’hui, dit-il. Je viendrai te dire au-revoir un peu plus tard.
– Pourquoi, tu quittes déjà la France ?
– J’irai faire un tour ailleurs, là où les filles me feront peut-être t’oublier… même si je n’en suis pas sûr.
Elise eut l’air de se radoucir. Elle balbutia quelque chose. En fait, Giacomo était réellement beau garçon, même avec ses cheveux longs et son tatouage ésotérique sur l’épaule. Pour elle, ce jour-là, il avait fait une queue de cheval. Elise, de son côté, avait toujours eu du mal à accepter les différences. Un Italien, un métalleux aux cheveux longs, c’était trop pour elle. Elle n’avait pas la fraîcheur des Méridionaux, alors que, et Giacomo le savait bien, elle habitait en temps normal à Aix-en-Provence. Une belle fille, mais étrange aux yeux d’un « latin lover » ; ce qui ajoutait à son charme. Giacomo eut du mal, en la quittant, à ne pas trop la regarder, ces cheveux magnifiques, blond vénitien, ces yeux vert–doré, la finesse de ses traits…. Elise le sentit, et effleura sa joue d’un baiser.
– Alors à plus tard, lui dit-elle.
Giacomo se sentit fondre. Décontenancé, et à la fois ravi de ce baiser, il ne sut que répondre en italien.
– Arrivederci bella…
Elise sourit, et il détala. Il courut hors du bar où il lui avait donné rendez-vous, et disparut dans la foule. « Permesso, permesso (1) ! » maugréait-il, mais on le regardait en souriant. Dans le bar, Elise souriait aussi.
– Ces Ritals, tous les mêmes…
Giacomo revint le soir, sa guitare à la main, près de la terrasse de la résidence d’Elise et de sa famille. La nuit était belle, il était bon dîner là, ou fumer une cigarette. Le frère d’Elise aperçut Giacomo, et voulut lui redonner sa chance. Les deux hommes se connaissaient bien, c’était grâce à lui que Giacomo avait rencontré Elise. Louis, contrairement à sa sœur, s’amusait des différences, était très large d’esprit. Il fit un discret signe à Giacomo, et ce dernier comprit qu’il pouvait rester. Giacomo entendit Louis appeler sa sœur, et Elise vint respirer l’air de la nuit. Alors, s’accompagnant à la guitare, Giacomo entama O sole mio. Il savait qu’il avait une belle voix, même s’il était meilleur guitariste que chanteur. L’air napolitain emplit la nuit, et le chat de la maison vint retrouver sa maîtresse, qui regardait de tous côtés. Elise ne s’attendait pas à cela, mais était troublée. Un Rital lui chantait la sérénade ! Elle aurait dû être flattée, mais eut un mouvement d’humeur.
– Il aura vraiment tout essayé, grommela-t-elle.
Mais la chanson était belle, et à peine Giacomo l’eut-il finie, que les applaudissements s’élevèrent dans tout le quartier.
Giacomo fut surpris à son tour. Il ne s’attendait pas à ça. De là où il était, il voyait Elise, et les réactions qu’elle avait. Mais il ne laissa pas tomber pour autant. Il sortit de son chapeau une autre chanson de son répertoire, Torna a Surriento.
– Ah ! Il ne perd rien pour attendre ! s’exclama Elise en regardant partout, pour éconduire son encombrant amoureux.
– Elise ! Que cherches-tu ? lança Louis.
– Passe-moi ce seau, maman ! dit Elise en allant vers l’intérieur, où sa mère lavait le carreau.
– Tu es folle !
– Pas plus que cet enquiquineur !
– Voyons, Elise, tu devrais être ravie !
– Je vais lui dire au revoir à ma façon, moi aussi !
Dehors, Giacomo avait fermé les yeux pour mieux chanter, et les notes s’égrenaient toutes seules sur sa guitare. Aux autres terrasses, ils étaient tous transportés. Mais dès la salve d’applaudissements, Giacomo ouvrit les yeux, et évita de justesse le contenu du seau. Par contre, le chat de la maison s’était de plus en plus avancé vers lui.
– Oh ! Pomponette !
Giacomo caressa la minette, à vrai dire aussi charmante que sa maîtresse. Le poil roux, doux, les yeux vert-doré.
– Tu veux que je te joue de la guitare ?
Pomponette miaula, se frotta à ses jambes, regarda la guitare.
– One, two !
Et Giacomo amorça un riff d’AC/DC, mais se reprit très vite. Le chat était fasciné par son instrument. Alors Giacomo choisit une des plus belles ballades de Scorpions… et aux notes de Still loving you, Pomponette se roula sur le dos, montrant son ventre, ronronnant. A la fin du morceau, il se fichait bien de la réaction d’Elise et de ses voisins. Sous les applaudissements, il câlina Pomponette.
– La prochaine fois, je te jouerai du Iron Maiden…
(1) »Permesso » signifie « pardon ».
j’ai aimé beau texte