Catégorie : Humour,
Auteur : Valérie Laurenn
Résumé : Ce petit ver vert est mal tombé ! D’abord dans l’herbe, puis chez une sorcière et un prêtre, il vit de belles aventures.
La véritable histoire d’un petit ver
« Avez-vous déjà entendu parlé du ver-tige ?
-Ben oui ! Tout le monde le connaît, le vert-tige !
-Non, pas tout le monde. Y’en a qui ne savent que c’est un de ver qui grimpe le long des tiges !
-Ah ! Moi, je pensais que vous pensiez à la couleur.
-Ah ! Ce vert-tige-là ! Remarquez, ce serait embêtant qu’il rouille !
-Ah bon ! Pourquoi ?
-Parce que ça deviendrait un vert roux !
-Et Dieu sait ce qui ce passerait si on le verrouillait, ce verrou.
-Si on verrouille un verrou, il peut devenir vert rouille, mais de rage !
-Un verrou vert de roux, euh, vert de rage ? Allons, ne me racontez pas de bêtise ! Tiens, ça me fait pensez ! Vous connaissez les vers…
-Ah oui ! Pendant un temps, j’arrivais plus à m’en débarrasser, de ces parasites !
-Non, en fait, je parlais des vers de Verlaine ! Lui qui adorait écrire en vert, il parait qu’il a versifié sur un verdict prononcé contre un verre qui a écrasé un ver dans l’herbe bien verte en tombant des lunettes d’un vérificateur qui avait un verre dans le nez.
-Qu’est-ce qu’il pouvait bien vérifier ?
-S’il y avait une souris qui courait !
-Et il l’a attrapée par la queue ?
-Ben oui, pour prouver la vérité !
-Quelle vérité ?
-Qu’il y avait bien une souris verte, qui courait dans l’herbe…
-Bon ! Et si on en revenait à ce Verlaine ?
-Ah oui ! Donc, je vous disais qu’on avait verbalisé un verre tombé d’une paire de lunettes parce qu’il avait écrasé un ver.
-ça a fait du ver moulu !
-Mais vous savez à quoi il a été condamné ?
-Non. A broyer du vert ?
-Ben à rien du tout pour l’instant. Parce que le verre nie ! Et parce que les jurés ont peur… et oui ! Le verre tue, aussi. Et surtout, le verre dit qu’il a une autre version…
-Ah bon ?
-Il voulait aller vers Sion donc il s’est détaché de sa monture. C’est là qu’il est tombé sur un prêtre.
-Un prêtre ? Vous allez me faire verser une larme !
-Mais le ver n’est pas croyant alors, pour le convertir, le prêtre l’emmène dans son église où il lui sert une verveine.
-En voilà un qui a du sang froid dans les veines !
-Une fois le verre de verveine finit, il a attrapé le verre et l’a mit dans son congélateur.
-Le verre devait être glacé après ça…
-M’en parlez pas ! Il avait même des vertiges…
-Il a dû courir à perdre haleine pour s’enfuir se réchauffer ?
-Non, car c’est un ver lent. S’il avait couru, il aurait eu le pied en feu.
-ça aurait donné un feu vert !
-Il est passé tranquillement par la véranda et il a traversé le verger.
-Hum, je suppose que, tout content de son évasion, le verre ris ?
-Peut-être mais il n’a pas dû profiter longtemps de sa joie.
-Pourquoi ça ?
-Parce que le verre a un gros défaut : le verre se ment ! Il s’est retrouvé dans une rue fréquentée, avec pleins de voitures mais la phobie du verre dure.
-Et de quoi a-t-il peur, ce verre ? D’être renversé ?
-Non, il a peur de la verve des autres verres qui vont parler sans vergogne ! Pensez donc ! Il quitte une bonne situation, haut placée, se retrouve chez un méchant prêtre puis à la rue. Et surtout, il a peur de ne pas trouver l’âme sœur car c’est un verre solitaire, vous savez…
-Ah ? Ce n’est pas un verre de contact ? Ben, il a qu’à chercher un bec verseur…
-Alors, voyant un petit verre tout seul sur le trottoir, un bijoutier le prend et le met en vitrine, pensant : « ça fera un joli verre de montre ! ». Et là, une grande femme, d’aspect vermiculaire, prénommée Verra, avec un chapeau pointu et une verrue sur le nez entre et dit : « Est-ce là un ver de terre que vous avez ? –Non, mais il peut le devenir ! » Et le bijoutier remplit le verre de terre et le vend à l’étrange femme. Elle ressort avec le verre sous le bras, en renversant toute la terre…
-Il devait être vermillon à force d’être serré sous son bras !
-Mais, bien qu’il soit mignon, le verre à toujours peur ! Car il est devenu la propriété de la sorcière et se demande si elle ne va pas le transformer en vermisseau.
-Il perdrait la moitié de son intelligence ! Mais il ne faut pas exagérer, personne ne peut avoir un verre à soi…
-Alors, une fois arrivé chez elle, il tente à nouveau de s’enfuir mais il se prend le pied dans le vair de la sorcière.
-Je croyais qu’il n’y avait que des pantoufles de vair !
-Bref, le verre n’arrive pas à sortir du vair, il commence à voir vert puis, finalement, il se retrouve à l’air libre, dans l’herbe, après avoir passé la porte.
-En verre ?
-Peut-être, j’en sais rien. Toujours est-il qu’il quitte un vair pour trouver un ver !
-Ben oui ! La couleur de l’herbe !
-Non, un ver luisant.
-Ah ! Et ce ver luisant est mort ?
-Oui, écrasé.
-C’est donc du ver pilé !
-Et c’est notre verre qu’on accuse. Mais il est bien embêté. Parce qu’on va le prendre pour une vermine. En effet, comment prouver la véracité de son histoire ?
-Aucune idée… Mais dites donc ! En parlant de vers à citer… Il en écrit de belles, Verlaine !
-Ben, je ne suis plus très sûr que ce soit de lui. C’est peut-être de Jules Verne… Tout ce que je sais, c’est qu’ils ont été écrits dans le Vercors par un vertébré ! »
Très sympa Merci!